Témoignages d’anciens : Valentine CHADELAUD


Valentine CHADELAUD

Master DPGE – 2019-2020


Quel est votre parcours universitaire ?

J’ai fait une licence de droit à Limoges après un bac L option théâtre et arts dramatiques, puis un master 1 droit privé carrières judiciaires suivi d’un master 1 droit du patrimoine et de la gestion des conflits familiaux, et enfin un master 2 droit privé général et européen. Tout mon cursus a été fait au sein de la FDSE à Limoges !

Pourquoi ce choix de cursus ?

Je n’avais pas d’idée précise en tête, à part que je ne voulais surtout pas me spécialiser, justement pour me laisser le plus large choix possible ! Après mon premier M1 en droit privé et européen, j’ai raté de peu la session d’inscription au M2, et j’ai décidé d’en « profiter » pour affirmer mon bagage juridique : j’ai donc décidé de passer le M1 en droit de la famille et du patrimoine. Cela m’a appris que les « erreurs » de parcours n’en sont souvent pas, et que l’ « échec » est en réalité ce que l’on en fait : partout où j’ai postulé par la suite, ce double M1 m’a été très profitable ! Mes deux M1 en poche, j’ai été acceptée dans le M2 de mon choix, avec une année supplémentaire qui est en fait un vrai plus dans mon parcours juridique.

Quels retours avez-vous sur le master ? Son contenu ? La relation avec les enseignants ?

Le M2 DPGE fait intervenir des enseignants d’universités extérieures, ce qui est toujours enrichissant. La participation au concours de plaidoirie européennes René Cassin, auquel ma promotion n’a finalement pas pu participer car il aurait été annulé du fait de la pandémie, restera un « regret » : je suis amie avec les plaideurs et la conseillère, qui avaient passé un temps incalculable à se préparer pour ça, parfois au détriment de leurs cours pour un temps. Dans ce M2, il y avait aussi un partenariat organisé avec la Cour d’Appel, dans lequel on a pu par exemple assister au procès Serena. C’était très intéressant mais très compliqué, parce que même si c’est très formalisé, avec un rôle pour chacun, un procès, ça touche des vraies personnes. Surtout au pénal où les enjeux et conséquences sont bien plus lourds. Un autre partenariat, auquel je n’ai pas pu participer car mon emploi du temps était déjà bien chargé, était organisé avec UFC Que Choisir pour faire intervenir des étudiants en droit sous forme de clinique juridique. Je trouve ça génial que des projets comme ça soient organisés, surtout que le droit est un domaine somme toute très théorique :
se rendre compte de la réalité et de l’impact que les décisions juridiques ont sur les personnes est vraiment important. J’aurais même aimé pouvoir participer à ces projets dès le M1, une fois que les bases juridiques sont acquises !

Quelles sont les compétences / savoir-faire acquis dans le cadre du master ?

Pour moi, ça a été l’année de la recherche : j’ai toujours aimé écrire donc je savais rédiger, là il a fallu que j’apprenne à chercher, à m’organiser, sans se laisser submerger. Bon, au final, je me suis quand même sentie submergée ! Je ne dirais pas que c’est spécifiquement le Master mais plutôt toutes mes années d’études mises bout à bout qui m’ont appris la rigueur et la persévérance, et l’esprit juridique, qu’on ne peut développer qu’au fil du temps.

Avez-vous effectué un stage ? Si oui, où ?

J’ai effectué un stage en licence, au cabinet de Maître Philippe Pichon, avocat au barreau de Limoges, et dans l’étude Galateau-Pastaud, commissaires-priseurs à
Limoges. Deux professions qui m’intéressaient énormément, et que j’ai découvertes avec plaisir et curiosité. En M2, j’étais consciente que c’était ma dernière année
d’études, et je voulais à la fois ne pas passer à côté d’une expérience, et me prouver que j’étais capable de me dépasser : j’ai donc choisi de rédiger un mémoire de
recherche. Le sujet m’a été proposé par Mme Delphine Tharaud, au départ sujet de thèse sur « les discriminations des enfants », mon sujet de mémoire a été « les
décisions des enfants ». Je n’ai aucun regret et j’ai beaucoup aimé découvrir la recherche juridique, et cela m’a aussi permis de réaliser que je ne me destinais pas à
la poursuite d’une thèse. Mais avoir rédigé ce mémoire reste aujourd’hui une fierté, sur un sujet qui continue de me passionner.

Comment s’est passée votre insertion professionnelle ?

J’ai toujours travaillé pendant mes études, d’abord en vente en boulangerie, puis en hôtellerie, et enfin un service civique pour lequel j’ai eu la chance d’être recrutée au sein-même de la FDSE : entre les horaires adaptables et la proximité lieu de travail/lieu d’études, cette dernière expérience a bien sûr été la plus profitable pour moi. Après l’obtention de mon M2, j’ai été recrutée à nouveau à la FDSE pour un contrat temporaire, qui m’a permis de me demander ce que je voulais faire : d’abord intéressée par la médiation juridique, j’ai très vite été attirée par le concours de greffier, que je prépare actuellement.

Quel est votre parcours professionnel ?

Pendant mon contrat temporaire à la FDSE, j’ai entendu parler des postes d’assistants de justice, et j’ai décidé de postuler puisque ces postes sont très avantageux pour ceux qui préparent les concours. Je savais qu’un poste allait se libérer au pôle civil du tribunal judiciaire, et j’ai fait une candidature spontanée. Sur un coup de tête, j’ai décidé de postuler aussi à la Cour d’Appel, car après tout, eux aussi emploient des AJ. Bien m’en a pris, puisque la Cour d’Appel m’a rappelée très rapidement ! Au final, les deux juridictions étaient intéressées pour me recruter, et j’ai dû faire un choix : j’ai choisi la Cour d’Appel car les missions proposées étaient en continuation directe avec ce que j’avais pu faire dans mon service civique au pôle communication de la FDSE, et cela me paraissait intéressant de creuser ces missions puisque j’avais beaucoup apprécié celles que j’avais effectuées à la FDSE.

Quel est votre métier actuel ? En quoi consiste-t-il au quotidien ?

Je suis assistante de justice pour le Secrétaire Général du Parquet Général de la Cour d’Appel. Je suis d’abord chargée de la préparation des réunions et des fonds documentaires qui servent de support textuels, et des comptes-rendus de ces réunions lorsque j’y assiste. Ensuite, auprès du SG qui est également magistrat délégué à la communication au sein du Parquet Général, je prépare avec lui des articles à publier sur l’intranet de la Cour d’Appel et je recherche des actions de communication :

une idée que j’ai soumise est par exemple l’organisation de faux
procès (une pratique assez répandue au Royaume-Uni et aux États-Unis sous le nom de mock trials) auprès d’écoles primaires pour familiariser les enfants au fonctionnement des procès et de la justice. Et enfin, je participe à la mise en place de la nouvelle juridiction spécialisée pour la répression des atteintes à l’environnement.

Pourriez-vous nous décrire une journée type ?

Non, pas vraiment ! Je savais dès le départ que j’allais avoir des missions très diversifiées, que ce soit tenir la plume lors des réunions du Parquet Général ou synthétiser les documents reçus par rapport à telle instruction ou réforme de la Chancellerie. Le travail « classique » d’un AJ consiste généralement à assister un ou plusieurs magistrats sur les dossiers, en les condensant ou en faisant des recherches
jurisprudentielles par exemple. C’est très différent pour moi ! J’arrive le matin avec une idée sur comment va se dérouler ma journée, mais un document à traiter en urgence peut arriver sans prévenir, par exemple. AJ, c’est un poste à mi-temps. J’ai choisi de ne travailler que les matinées pour pouvoir réviser les après-midis et m’imposer un rythme plus facilement. Mais s’il y a besoin que je reste pour une formation ou une
réunion, ou un dossier prioritaire, alors mes horaires sont décalés : c’est la praticité des mi-temps, que l’on peut souvent aménager sans trop de difficultés.

Quels liens entre les compétences acquises pendant le master et votre travail actuel ?

Réviser un concours, ça demande du temps et de l’acharnement. J’ai appris ça pendant ma formation juridique. L’esprit juridique, la réflexion et comprendre ce que
le correcteur cherche à ce qu’on lui apporte, c’est le même procédé que pour synthétiser des documents pour les magistrats. Aller à l’essentiel sans totalement
écarter le superflu, ce sera demandé à peu près partout. Je ne sais pas si on peut parler de compétence, mais je remarque que beaucoup d’habitudes prises pendant
mes études sont toujours totalement d’actualité tant dans mon travail d’AJ que dans mes révisions pour le concours.

Des conseils pour les futurs étudiants de master ?

Mon gros problème c’est le stress : j’ai des troubles de l’anxiété depuis mon adolescence, donc me détacher du stress inhérent aux études, révisions, examens, c’est très difficile. J’ai eu la chance d’apprendre l’ « échec » et à me retourner, voire même ce que ne pas réussir peut apporter en soi. Un master, c’est un haut niveau d’études : la qualité attendue des étudiants aux examens est donc haute elle aussi. Ne pas se noyer et croiser les sources autant que possible, c’est essentiel. Un cours c’est bien, un cours et un livre c’est mieux. Et demander de l’aide, surtout. Le nombre d’étudiants qui pour une raison ou une autre n’ont pas tel cours ou ne comprennent pas telle notion… L’entraide c’est hyper important : la seule raison pour laquelle j’ai validé ma L3 c’est parce qu’un ami a passé tout un après-midi à m’expliquer le droit des successions, et rebelote en M1 européen avec un chargé de TD qui a pris sur son temps personnel pour organiser une séance de révision pour réexpliquer tous les points encore un peu brumeux ! Les enseignants sont toujours ravis qu’on leur pose des questions, mais si même au bout de plusieurs fois, on ne comprend toujours pas, il faut chercher ailleurs : un livre, une base de données juridique, un autre étudiant… La connaissance, on ne peut pas la recueillir auprès d’une seule source, il faut les multiplier, comme dans la vie.